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Insécurité à Abidjan : j’en ai fait l’expérience

Abidjan fait partie des 10 villes les plus dangereuses au monde. Apparemment, l’insécurité est quotidienne. Je l’ai lu quelque part, un jour, sur Internet. Je me souviens d’avoir ri. Pour moi, cela ne pouvait être vrai. Et puis, il y a eu cette nuit là…

Ce soir là, je suis particulièrement épuisée. Je viens de rentrer du travail et je trouve mes frères et sœurs devant la télévision. Ils regardent un film très bruyant.

Je m’installe, avec une tasse de tisane, et je sors mon ordinateur pour travailler. Le film prend fin. Les plus jeunes montent. Moi, je demande à ma sœur si elle veut découvrir une nouvelle série. Elle me répond que son fiancé va passer mais qu’on va regarder la série après peut-être. Je finis donc mon travail et, tandis qu’elle accueille son petit ami, je monte prendre une douche.

Il est environ minuit lorsqu’on se met devant la série. Le premier épisode laisse ma sœur sur sa faim. On se donne donc rendez-vous le lendemain pour la suite. A ce moment-là, j’ignore que c’est la dernière fois que je vois mon ordinateur.

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Lion par AlexMcII via Lifeofpix CC

Au milieu de la nuit, un cri déchirant me réveille brusquement. Mes sœurs tremblent d’effroi dans leurs lits. Je ne comprend pas trop ce qui se passe. Je me redresse et je les interroge. Elles me répondent qu’il y a un bandit dans la chambre. Je regarde la porte : elle est ouverte. Dehors, c’est le noir absolu mais dans cette obscurité, se trouve une personne étrangère à notre maison, une personne qui menace notre sécurité, nos vies.

Notre cadette prend son courage à deux mains et se lève pour essayer de refermer la porte. L’intrus entre alors dans la chambre et tente de saisir ma sœur.

La peur est un sentiment complexe mais un sentiment qui donne des ailes et efface la mémoire. Je sais que l’une de mes sœurs a crié : il est armé. Après ça, notre cerveau c’est fermé. Si nous avons vu le visage de l’individu, il l’a effacé de notre mémoire.

Je sais que j’ai hurlé, appelant notre frère de toute mes forces. Ma sœur cadette par contre a essayé de retrouver le numéro de la police mais dans la peur, on n’est pas capable de grand chose.

Nos cris ont, heureusement, chassé l’individu, qui a préféré éviter de se faire arrêter. Il est parti avec mes deux ordinateurs dont un MAC, nous laissant la vie sauve et une impression de viol. Ça aurait pu dégénérer, ça aurait pu être pire, on aurait pu perdre la vie.

Cela nous a terrifiés : notre havre de paix avait été souillé. Et dire que nous avons une équipe de sécurité qui est supposée empêcher ce genre de choses ! 

 


Egalité des sexes : ils l’attendaient

Il y a quelques années, les règles changeaient dans le carnet de mariage ivoirien. Le foyer n’était plus soutenu que par l’époux. Les femmes avaient leur rôle à jouer dans la bonne avancée du foyer, autant financièrement que moralement. Egalité des sexes, pourquoi je pense qu’ils (les hommes) l’attendaient…

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La lutte pour l’égalité des sexes avait porté un de ses fruits. Je me souviens de l’annonce de cette nouvelle qui avait reçu des acclamations massives de la gent masculine qui voyait ainsi l’atténuation de leur responsabilité dans le couple.

Du jour au lendemain, il faut dire qu’ils l’attendaient, les choses ont changé dans certains foyers. Pour ces hommes qui peinaient à tenir le foyer, quelle aubaine ! Les taches ont été scindées en deux. Les femmes devaient faire leur part, mais en plus garder cette humilité et ce respect de l’époque où elles ne contribuaient pas.

Oh combien de fois, j’ai lu dans des groupes en ligne, des plaintes de ces femmes bafouées dans le foyer ! Elles devaient contribuer, être humbles, aimantes, et en plus supporter les caprices, les trahisons, les tromperies.

Cette loi a aussi changé les manières de courtiser une femme dans mon pays. Aujourd’hui, la première question d’un homme, c’est si tu travailles ? Si oui, où ? Si c’est libéral, on te demande si tu as une autre activité en plus. Sinon on te demande plein d’explications sur ton travail et quand tu poses les mêmes questions en retour, là tu n’as presque pas de réponses.

Tu dois justifier que tu mérites qu’on fasse attention à toi. Sérieux ?

Dès qu’un homme commence à me poser ce genre de questions, je ne réponds plus. Et surtout, je ne donne pas mon contact. Je considère que lorsqu’une personne nous plaît ce n’est pas pour les moyens, mais pour le cœur. Ramener tout à l’argent et se demander si cette femme pourra payer le courant, l’eau, canal ou internet, avant de décider si oui ou non on veut s’engager, c’est malsain.

C’est malheureusement ce que ce changement dans le carnet de mariage a occasionné. Et, apparemment ils attendaient ce moment avec impatience vu qu’ils l’ont saisi à bras le corps.

Égalité des sexes, moi je dirais surtout suprématie d’un sexe, mais bon…


La soupe Pasta e Fagioli efface les barrières sociales

La soupe Pasta e Fagioli est une soupe à base de pâtes et de haricots. Ce plat est à la base un plat de pauvre parce que ne contenant pas de viandes (cucina povera). Certains ingrédients sont incontournables comme les haricots blancs et les macaronis. Mais, la recette a plusieurs déclinaisons et peut être consistante ou en soupe. La soupe Pasta e Fagioli efface les barrières sociales, je vous raconte pourquoi !

Il y a longtemps, avant ma naissance, mon père était étudiant en architecture à Florence en Italie. Les conditions de vie étaient difficiles, vraiment difficiles et à un moment, il est tombé malade. Il a eu un infarctus et il a subi une opération à cœur ouvert (il a gardé une cicatrice qui traversait son tronc de manière horizontale).

Il a failli y passer et les médecins ont dit que s’il était encore en vie, c’était un miracle. Il a gardé le lit presque un an dans un hôpital public où il avait comme voisin de vieux Italiens. Ces vieux y étaient pour une raison ou un autre, mais surtout parce qu’ils n’avaient plus d’enfants ou que ceux-ci ne pouvaient plus prendre soin d’eux.

Les Italiens ont pendant longtemps eu du mal avec les gens de peau noire, c’est bien connu. Il y a quelques exceptions bien sûr. À cette époque, c’était pire qu’aujourd’hui. Mon père en savait quelque chose en tant qu’étudiant.

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Quand il s’est réveillé après l’intervention. Il s’attendait à vivre un grand moment de solitude au sein de cet hôpital, parce qu’entouré d’Italiens. C’est dans la salle commune en prenant sa première bouchée de Pasta e Fagioli avec des personnes qui comme lui souffraient de maux que les barrières sociales ont été balayées. Ils étaient tous semblables dans cette salle, dans cet hôpital. Ils étaient seuls et luttaient pour survivre.

Ce moment chaleureux où chacun prenait une bouchée de soupe et parlait de sa vie était le rayon de soleil dans l’océan terne de leur existence. Ils partageaient tout, leurs souvenirs, leurs peines, leurs espoirs, leurs histoires.

Il faut souvent peut pour que l’amour prenne les cœurs et que les couleurs se dissipent. Mon père a vécu cela. Il a découvert qu’une soupe, La Pasta e Fagioli, était un pont entre les cultures.


Ces attitudes des taximètres qui « chauffe coeur » à Abidjan

Depuis que je suis assez grande pour me déplacer seule, j’ai toujours emprunté des taxis à défaut de profiter de la voiture de ma mère ou de mon père. Je suis donc une rodée dans ce domaine et la négociation ou « arrangement » avec les taximètres, comme on le dit ici n’a plus vraiment de secret pour moi.

Je devrais donc avoir fait le tour de la chose depuis et ne plus être surprise, mais chaque jour, je découvre que les taximètres d’Abidjan ont plus d’un tour dans leur sac et que même quand on pense qu’on a tout vu, on est loin du compte. Vous allez donc découvrir juste en bas, ces attitudes des taximètres qui « chauffe cœur » à Abidjan.

Quand ils veulent causer et vous non.

  • Maman bonjour on dit quoi ?

Quand j’entends cette phrase, je sais que le trajet sera long et ponctué de diverses plaintes ou d’histoires ou même de tentative de discussion. Dans ce cas, je prends mes écouteurs et je me coupe du monde pour faire comprendre que je ne suis pas prête à discuter. C’est là que :

  • ils mettent la radio et mettent le son à fond

Dans ce cas, je suis bien obligée de ranger mes écouteurs vu que je ne veux pas me détruire le tympan en les suivant sur ce chemin. Dès que c’est fait, subitement, ils n’ont plus envie d’écouter la musique, et ils entament la discussion.

  • Quand ils n’ont pas de radio, ils allument le lecteur audio de leur smartphone

Parce que j’écoute la musique et que je refuse de discuter, il faut montrer que le smartphone a aussi un lecteur audio et que je ne suis pas la seule. Vu que le son n’est pas aussi puissant que celui d’une radio normale, ils rajoutent en chantant à tue-tête.

 

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Taxi d’Abidjan par Kokotaboy via Panoramio CC

Quand ils n’aiment pas l’arrangement, mais vous prennent quand même.

Je n’ai jamais compris cette attitude. Normalement quand on n’est pas d’accord on n’est pas obligé d’accepter. Ils disent oui, mais au fond ils sont en colères et c’est là que  :

  • ils filent à toute allure et tombent dans tous les trous

OK, parce que la somme que je donne ne plaît pas, je vais avoir le vertige, je vais avoir mal au ventre et je vais me choper des maux de reins. Je me demande pourquoi est-ce qu’ils acceptent s’ils savent que ça ne les arrange pas.

  • Ils disent « tcrhoouuu » (insulte de chez nous) jusqu’à la destination

Ce genre de comportements sérieux, ça me peine. J’ai dit mon prix et je pense qu’on a le choix ou de dire oui ou dire non alors pourquoi dire oui et m’abreuver d’insultes sur des kilomètres.

Quand ils ont des problèmes et que vous devenez une sorte de « messie »

Je me souviens d’être montée dans un taxi une fois et le monsieur m’a dit avec un air très sérieux :

  • maman c’est toi que j’attendais.

(pourquoi toujours on me dit maman !). Il avait déjà parlé, mettre mes écouteurs aurait été un manque de respect. J’ai dû écouter une histoire très sexuelle et donner mon avis. Ce n’était pas de la rigolade vu que le monsieur semblait réellement souffrir avec sa femme. Ils ont souvent des problèmes avec leurs épouses sûrement à cause du fait qu’ils sont tout le temps sur la route et que rester assis trop souvent diminue les compétences sexuelles (c’est ce que j’ai cru entendre).

Je pourrais citer bien d’autres exemples par exemple : quand ils ont le béguin pour toi, quand vous n’êtes pas de la même confession en période de carême… Mais je vais m’arrêter là

Et vous ? Quelles sont ces attitudes des taximètres ou autres transports en commun qui vous énervent ?


Apprendre à aimer à nouveau

La rupture

Il y a 3 ans, ma vie basculait. Après trois années de relations, je quittais celui que je pensais être mon futur époux. J’abandonnais la relation, je jetais l’éponge. L’on pourrait penser que c’est moi qui remportais cette bataille. Mais non, j’en sortais perdante, j’en sortais brisée. J’avais en main les morceaux épars de mon cœur en lambeaux et je ne savais comment les rassembler de manière cohérente. Je ne savais comme apprendre à aimer à nouveau.

La renaissance

Douleur, colère et échec assemblé m’ont fait sortir, telle l’essence sur le feu de la torpeur douce et amère dans laquelle je me complaisais pour me pousser à écrire à nouveau. Ma vie prenait un autre tournant, celui de blogueuse. Que d’aventures depuis dans ce domaine, que de choses apprises, d’expériences vécues bonnes comme mauvaises, mais surtout de victoires sur mes limites ! Cette épreuve qui m’avait brisée était l’épreuve qu’il fallait pour que ma vie prenne le bon chemin.

Le manque

Mais le travail n’est pas tout et ces trois années n’ont été que cela. Pour certains, je m’amuse plus que je ne travaille vu que mon blog le plus populaire m’offre la possibilité de déguster d’excellents mets. Ce que j’avoue apprécier énormément. Pourtant, je ressens ce manque. Et souvent, j’ai la nostalgie de cette époque où j’étais en couple.

Je suis sortie de l’histoire avec la peur atroce de faire confiance à nouveau. Je n’arrive pas à croire en ce qu’on me dit, je n’arrive pas à me laisser aller. Cela se conclut souvent par des prémices de relations qui n’aboutissent pas. J’ai bien essayé de mettre ma peur de côté. J’ai bien essayé de lever les épaules et d’aller au front la tête haute. Mais dès que je me retrouve en face d’un hypothétique partenaire, je n’ai qu’une seule envie fuir et vite.

Récemment, une aînée me disait que je devais cesser d’essayer de me mettre en couple parce que j’avais un travail personnel à faire sur moi même. Je devais régler plein de choses avant de pouvoir donner mon cœur sinon je ne ferais que faire souffrir et ça finirait comme la relation précédente, c’est-à-dire mal.

C’était direct, et j’avoue que je me suis sentie mal. Tout le monde ou presque est en couple. Les gens ont plein de problèmes, mais cela ne les empêche pas d’entretenir des relations. Pourquoi devrais-je attendre de guérir de quelques maux ? Surtout que je ne sais pas combien de temps cela me prendra. Après, je lui ai donné raison. Je n’étais pas prête. Je rêvais d’une idée idyllique du couple, mais ce n’était que cela. Du rêve à la réalité, il y avait un grand fossé.

J’aime à nouveau

 

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Couple par Pexel via Pixabay CC

Et puis, un nouveau changement est intervenu dans ma vie. Un événement insignifiant, faisant partie de la routine qui pourtant s’est avéré, comme la pierre qui terrassa goliath, déterminant. Tout d’un coup, mon cœur a recommencé à battre. C’est une image bien sûr, s’il ne battait pas je serais morte depuis. Mais je suis certaine que vous me comprenez. Mon cœur a pris des couleurs se teintant de vermillon. Et ma peur a fondu comme neige au soleil.

Je ne pensais pas aimer à nouveau, j’apprends