Insécurité à Abidjan : j’en ai fait l’expérience
Abidjan fait partie des 10 villes les plus dangereuses au monde. Apparemment, l’insécurité est quotidienne. Je l’ai lu quelque part, un jour, sur Internet. Je me souviens d’avoir ri. Pour moi, cela ne pouvait être vrai. Et puis, il y a eu cette nuit là…
Ce soir là, je suis particulièrement épuisée. Je viens de rentrer du travail et je trouve mes frères et sœurs devant la télévision. Ils regardent un film très bruyant.
Je m’installe, avec une tasse de tisane, et je sors mon ordinateur pour travailler. Le film prend fin. Les plus jeunes montent. Moi, je demande à ma sœur si elle veut découvrir une nouvelle série. Elle me répond que son fiancé va passer mais qu’on va regarder la série après peut-être. Je finis donc mon travail et, tandis qu’elle accueille son petit ami, je monte prendre une douche.
Il est environ minuit lorsqu’on se met devant la série. Le premier épisode laisse ma sœur sur sa faim. On se donne donc rendez-vous le lendemain pour la suite. A ce moment-là, j’ignore que c’est la dernière fois que je vois mon ordinateur.
Au milieu de la nuit, un cri déchirant me réveille brusquement. Mes sœurs tremblent d’effroi dans leurs lits. Je ne comprend pas trop ce qui se passe. Je me redresse et je les interroge. Elles me répondent qu’il y a un bandit dans la chambre. Je regarde la porte : elle est ouverte. Dehors, c’est le noir absolu mais dans cette obscurité, se trouve une personne étrangère à notre maison, une personne qui menace notre sécurité, nos vies.
Notre cadette prend son courage à deux mains et se lève pour essayer de refermer la porte. L’intrus entre alors dans la chambre et tente de saisir ma sœur.
La peur est un sentiment complexe mais un sentiment qui donne des ailes et efface la mémoire. Je sais que l’une de mes sœurs a crié : il est armé. Après ça, notre cerveau c’est fermé. Si nous avons vu le visage de l’individu, il l’a effacé de notre mémoire.
Je sais que j’ai hurlé, appelant notre frère de toute mes forces. Ma sœur cadette par contre a essayé de retrouver le numéro de la police mais dans la peur, on n’est pas capable de grand chose.
Nos cris ont, heureusement, chassé l’individu, qui a préféré éviter de se faire arrêter. Il est parti avec mes deux ordinateurs dont un MAC, nous laissant la vie sauve et une impression de viol. Ça aurait pu dégénérer, ça aurait pu être pire, on aurait pu perdre la vie.
Cela nous a terrifiés : notre havre de paix avait été souillé. Et dire que nous avons une équipe de sécurité qui est supposée empêcher ce genre de choses !
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